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La Swiss National COVID-19 Science Task Force a été dissoute le 31 mars 2022.

Elle a été remplacée par le Comité consultatif scientifique COVID-19 pour que les cantons et la Confédération puissent continuer de bénéficier d’une expertise scientifique dans le cadre de la pandémie de SARS-CoV-2.

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Rapport scientifique, 26 février 2021

Ceci est une traduction du texte « Wissenschaftliches Update »
portant la même date. Seul l’original en allemand fait foi.

Résumé

Depuis le début du mois de novembre 2020, le nombre de cas en Suisse s’est réduit de moitié à presque trois reprises  et l’incidence sur 14 jours pour 100 000 habitants est passée d’environ 1250 à environ 170. À l’échelle nationale, l’épidémie de SARS-CoV-2 a montré pour les dernières semaines une évolution légèrement en baisse – qui a toutefois été stoppée au cours de ces derniers jours. 

Le nombre absolu de cas signalés se compose de deux types de virus du SARS-CoV dont les tendances sont opposées. Les infections dues aux types dominants jusqu’ici sont en constante diminution. Par contre, les infections par la variante B.1.1.7, plus contagieuse, ont régulièrement augmenté en janvier. La hausse a été ralentie ces dernières semaines. On s’attend à ce que le B.1.1.7 représente bientôt la majorité des infections en Suisse. 

Si le B.1.1.7 devient dominant en Suisse, des efforts plus importants sont nécessaires pour réduire davantage le nombre d’infections et empêcher une augmentation du nombre de cas. Si les contacts interpersonnels et la mobilité s’intensifient à nouveau suite à l’assouplissement des mesures d’endiguement, le risque d’une nouvelle augmentation des infections et donc aussi des maladies et des décès augmentera encore.

Afin de réduire ce risque, il est conseillé d’assouplir progressivement et prudemment les mesures d’endiguement et de faire dépendre les étapes ultérieures des mesures de l’évaluation respective de la situation épidémiologique. Une telle approche réduit le risque d’un effet yo-yo, à savoir qu’une augmentation soudaine des infections et la perspective d’une augmentation ultérieure des hospitalisations nécessiteront à nouveau l’introduction de mesures strictes – ce qui serait également bénéfique pour l’économie.

L’administration la plus rapide possible du vaccin à toutes les personnes en Suisse qui souhaitent le recevoir est une priorité absolue. Chaque jour que gagne la campagne de vaccination générale permet d’accélérer l’assouplissement des mesures d’endiguement coûteuses et de réduire les préjudices sanitaires et sociétaux.

Une stratégie TTIQ efficace apporte une contribution décisive à la lutte contre les infections. Le dépistage systématique des personnes symptomatiques ainsi que la réalisation de tests intensive et à large échelle menés sur les personnes asymptomatiques ayant des contacts interpersonnels étroits et présentant des risques d’infection révèlent les contagions et permettent de briser les chaînes de transmission. Si tous les cantons veillent à disposer des ressources et des moyens nécessaires pour assurer un traçage efficace, réactif et approfondi – tant sur le plan cantonal que supracantonal – des cas index et de leurs contacts avant d’autoriser des mesures, le risque d’un nouvel échec de la stratégie TTIQ serait réduit. L’utilisation générale des indicateurs de performance se prête à l’évaluation et à l’amélioration de la stratégie TTIQ en tant que processus global.

Le contrôle de l’infection au niveau individuel joue également un rôle important. L’assouplissement des mesures d’endiguement implique une  augmentation de la mobilité et du nombre de contacts interpersonnels. Dans cette situation, les efforts fournis par chacun pour contrôler l’infection sont cruciaux. C’est pourquoi il importe de soutenir la population dans ces efforts par des informations concrètes qui peuvent être directement mises en œuvre.

 

1. Situation épidémiologique

 

1.1 Dynamique

 

Différentes souches de SARS-CoV-2 circulent en Suisse1. Les paramètres épidémiologiques généraux – nombre de cas, d’hospitalisations et de décès – donnent une vue d’ensemble sans distinguer entre les souches individuelles.

À l’échelle nationale, l’épidémie de SARS-CoV-2 a montré pour les dernières semaines une évolution légèrement en baisse – qui a toutefois été stoppée au cours de ces derniers jours. Début février, sur la base des cas confirmés, le taux de reproduction était nettement inférieur à 1 dans toute la Suisse et dans toutes les grandes régions, à l’exception du Tessin. La moyenne sur sept jours du taux de reproduction dans l’ensemble du pays est de 1,00 [0,86-1,14].

Les estimations sur une base journalière du taux de reproduction effectif Re pour l’ensemble de la Suisse sont de2 :

  • 1,01 (95% intervalle de confiance, IC : 0,86-1,17) sur la base des cas confirmés (au 16.02.2021).
  • 0,81 (95% IC : 0,62-0,99) sur la base des hospitalisations, au 11.02.2021. Pour une comparaison sur la base des cas confirmés, le Re est estimé à 0,95 (95% IC : 0,84-1,07) pour le même jour.
  • 0,66 (95% IC : 0,41-0,97) sur la base des décès (au 04.02.2021) Pour une comparaison sur la base des hospitalisations, le Re est estimé à 0,86 (95% IC : 0,7-1,02) pour le même jour. Pour une comparaison sur la base des cas confirmés, le Re est estimé à 0,84 (95% IC : 0,73-0,95) pour le même jour.

Les estimations pourraient être rectifiées en raison des décalages temporels des notifications et des fluctuations dans les données. Nous soulignons que les valeurs de Re reflètent les infections survenues il y a au moins 10 jours (pour les nombres de cas) jusqu’à 23 jours (pour le nombre de décès) en raison du délai entre l’infection et l’apparition d’un événement.

Cette analyse est étayée par le temps de doublement ou de réduction de moitié du nombre de cas confirmés, d’hospitalisations et de décès au cours des 14 derniers jours3. Le nombre des cas confirmés a varié de 2% (IC : 13% à -8%) par semaine, le nombre d’hospitalisations de -14% (IC : 2% à -28%) et le nombre de décès de -41% (IC : -22% à -55%). Ces valeurs reflètent les incidences des infections survenues il y a plusieurs semaines.

 

1.2 Chiffres absolus

 

Le nombre cumulé de cas confirmés au cours des 14 derniers jours est de 168 pour 100 000 habitants. La positivité est de 5,1% (au 23.02.2021 ; c’est le dernier jour pour lequel seules quelques notifications tardives sont attendues).

Le nombre de patients COVID-19 dans les unités de soins intensifs s’est situé, au cours des 14 derniers jours, entre 188 et 233 4 personnes (la variation      était de -10% (IC :-4% à -16%) par semaine).

Le nombre de décès au cours des 14 derniers jours s’est situé entre 7 et 20 par jour5. Depuis le 1er octobre 2020, l’Office fédéral de la santé publique a enregistré 7 446 décès confirmés en laboratoire. Les cantons ont fait état de 8 022 décès pendant cette même période6. Les statistiques de mortalité de l’Office fédéral de la statistique montrent une surmortalité dans le groupe d’âge des 65 ans et plus entre la 43e semaine de 2020 et la 3e semaine de l’année 20217. Au total, environ 8 400 décès supplémentaires ont été enregistrés au cours de cette période par rapport aux années précédentes. Aucune surmortalité n’a été observée depuis lors.

Il est également intéressant de comparer la situation actuelle avec les plus hauts et les plus bas du nombre de cas enregistrés jusqu’ici en Suisse dans la pandémie actuelle. L’incidence actuelle sur 14 jours pour 100 000 habitants, soit 168, est inférieure de moins de trois fois (c’est-à-dire moins d’un facteur 8) au pic précédent d’environ 1 250 au début de novembre 2020. Par ailleurs, l’incidence actuelle sur 14 jours pour 100 000 habitants, soit 176, est environ six fois plus élevée (c’est-à-dire environ un facteur de 64) que le minimum précédent d’environ 2,6 en juin 2020. Cela signifie que le nombre de cas a doublé environ neuf fois entre juin et novembre 2020, et que trois de ces neuf doublements ont été inversés jusqu’à présent.

 

1.3 Nouvelle variante

 

La part relative de la variante B.1.1.7 par rapport à l’ensemble des infections n’a cessé d’augmenter depuis la première détection. En Suisse, les variantes B.1.1.7 et B.1.351, initialement décrites au Royaume-Uni et en Afrique du Sud, ont été identifiées pour la première fois au cours de la 51e semaine de 2020. La variante P.1 détectée à l’origine au Brésil a été identifiée pour la première fois en Suisse au cours de la sixième semaine de 2021. Les analyses épidémiologiques et les données de traçage des contacts indiquent que la variante B.1.1.7 a un taux de transmission plus élevé que les souches de SARS-CoV-2 connues précédemment 8. La proportion d’infections par la variante B.1.1.7 par rapport à l’ensemble des infections n’a cessé d’augmenter depuis la première détection. Au cours de la septième semaine de 2021 (dès le 15.02.2021), la fréquence du B.1.1.7 en Suisse a été estimée à environ 40% (IC de 95% : 35% à 45% ; les chiffres sont susceptibles d’être encore corrigés par les résultats attendus du séquençage de cette semaine ; les estimations reflètent le niveau de circulation du virus environ 10 jours plus tôt9). À Genève, cette variante est déjà beaucoup plus répandue10.

Le nombre absolu d’infections au B.1.1.7 en Suisse a également augmenté régulièrement depuis le début du mois de janvier 2021 (estimation basée sur des projections, figure 1). Un taux de transmission plus élevé signifie que des efforts plus importants sont nécessaires pour parvenir à une nouvelle réduction du nombre de cas et pour empêcher une nouvelle augmentation. Dans ce contexte, relevons le fait positif que dans la région lémanique (où la proportion de B.1.1.7 est actuellement plus élevée que dans d’autres régions), il n’y a pas eu jusqu’à présent d’augmentation du nombre de cas.

Depuis le début du mois de février, on peut observer également – comme le montre la figure 1 – une réduction du nombre réel de cas par rapport au modèle numérique simple ; on peut plausiblement penser que cela est attribuable aux mesures introduites le 18 janvier. Or, la prédominance de B.1.1.7 entraîne un risque de résurgence soudaine du nombre d’infections, à plus forte raison si les contacts et la mobilité augmentent à la suite d’un assouplissement des mesures d’endiguement.

Traductions : Fallzahlen geschätzt/im Modell (Summe) : estimation du nombre de cas

Modell und Daten : modèle et données

Modell: Modèle

Andere Stämme: autres souches

Alte Varianten: anciennes variantes

Neue Variante : nouvelle variante

 

Figure 1 : Modification du nombre absolu d’une variante avec augmentation de la transmission – comparaison d’un scénario simple avec les données de B.1.1.7 pour la Suisse. Les zones sombres indiquent les nombres de cas de B.1.1.7 (bleu, délimité par une ligne jaune en haut) et de toutes les autres souches (vert). Les zones claires montrent les chiffres d’un modèle simple (détails 11). Les zones vertes rejoignent les zones bleues. La ligne rouge foncé indique le nombre total de cas basés sur les données de l’OFSP. C’est la somme des nombres de cas, anciennes et nouvelles variantes confondues. La ligne rouge vif est la somme des nombres de cas avec l’ancienne et la nouvelle variante du modèle. Le modèle simple montre la dynamique d’une nouvelle variante (bleu) avec d’anciennes variantes (vert) dans une situation où la valeur R de l’ancienne variante est une constante de 0,84 (correspondant à la valeur observée en Suisse au cours de la première semaine de janvier). Dans ce modèle simple, la nouvelle variante présente un avantage de transmission de 50%. Ce modèle numérique simple fait un certain nombre d’hypothèses simplificatrices ; il ne doit pas être interprété comme une prévision de l’évolution réelle des infections en Suisse. Le modèle simple est basé sur une évaluation à partir de début janvier 2021. La partie modèle ne tient donc pas compte, en particulier, des mesures décidées au 18.1.2021, de l’immunisation par vaccination ou par une infection récente. Ce modèle est plutôt destiné à montrer dans quelle mesure il parvient à ralentir la dynamique du début du mois de janvier.

 

2. Considérations sur l’assouplissement des mesures combiné avec la campagne de vaccination

 

La vaccination contre le COVID-19 devrait contribuer considérablement à réduire l’impact de la pandémie de SARS-CoV-2. La mise en œuvre de la campagne de vaccination soulève des questions importantes : quand et comment les mesures d’endiguement peuvent-elles être levées ? quelle stratégie COVID 19 est la mieux adaptée pour protéger la santé et le bien-être de la population en Suisse, les libertés individuelles et l’économie ?

 

2.1. Plusieurs facteurs influencent le cours de l’épidémie de SARS-CoV-2

 

Dans les discussions portant sur les stratégies COVID-19 pour les mois à venir, il importe de garder à l’esprit que l’évolution de la situation du SARS-CoV-2 en Suisse dépend de plusieurs facteurs, qui devraient être tous pris en considération dans la stratégie COVID-19.

  1. Des mesures qui réduisent les contacts et la mobilité. Une série d’études montrent que la conjugaison des mesures d’endiguement peut entraîner une réduction importante des infections. L’effet des mesures repose sur une réduction des contacts et de la mobilité. Il est difficile de déterminer quelle est exactement la contribution des mesures considérées séparément, car celles-ci sont souvent appliquées simultanément par séries ; de plus, elles s’influencent réciproquement. Toutefois, de nombreuses études ont identifié d’importants facteurs de risque pour la transmission du SARS-CoV-2, fournissant ainsi une base scientifique pour des mesures de confinement efficaces12.
  2. Respect des mesures par la population, protection de soi et des autres. L’effet des mesures dépend largement du fait qu’elles soient ou non suivies par la population et de la mesure dans laquelle elles le sont – c’est-à-dire de l’adhésion à ces mesures et de leur observance. Un autre facteur essentiel pour réduire l’apparition de cas graves et les décès dus au COVID-19 est de protéger les groupes vulnérables et de favoriser une meilleure conscientisation aux risques de transmission et à la protection de soi (soit la protection par les gestes barrière, en plus de la protection par la vaccination). Cette protection ne doit pas conduire à l’isolement ou à la restriction des droits. Tout moyen susceptible d’accroître l’adhésion aux mesures et leur observance, ainsi que la capacité de chacun à prévenir les infections en réduisant l’exposition potentielle et à se protéger se traduiront par une réduction des infections, des hospitalisations et des décès. Par exemple, les données du Royaume-Uni montrent que l’auto-isolement des personnes à la suite d’un test positif ou de symptômes conduit à une réduction significative des infections, de l’ordre de 16% à 28% (lien). Or, les possibilités de se conformer aux mesures ne sont pas réparties de manière égale dans la population. Une attention particulière doit être dédiée aux groupes qui, pour des raisons professionnelles ou économiques, seront confrontés à des obstacles plus importants dans la mise en œuvre des mesures.
  3. Tests efficaces, traçage des contacts, isolement et quarantaine. Prises corrélativement, les mesures de la stratégie TTIQ (tests, traçage des contacts, isolement et quarantaine) peuvent conduire à une réduction significative du nombre d’infections et contribuer sensiblement à compenser l’augmentation prévue du nombre de contacts qu’un assouplissement des mesures entraînera. Au Royaume-Uni, on a estimé que l’effet combiné de toutes les mesures de la stratégie TTIQ entraînait une réduction de 18% à 33% du Re13, et certains autres pays ont observé des effets encore plus importants14. La stratégie TTIQ présente un excellent rapport coûts-avantages 15. Les progrès que la technologie des tests a connus permettent de tester davantage de personnes (y compris les personnes asymptomatiques) plus fréquemment, ce qui permet d’identifier davantage de personnes infectées et de prévenir la transmission. Si l’on associe cela à de nouvelles approches de traçage des contacts, y compris des approches numériques pouvant être modulées, l’impact sur la réduction des transmissions peut être significatif. Par exemple, on estime que l’application COVID-19 a permis d’éviter environ 600 000 infections au Royaume-Uni depuis septembre 2020 (pour une population environ huit fois plus nombreuse que la Suisse) 16. Les données de la Suisse indiquent que l’efficacité de la stratégie TTIQ a cédé à l’automne 2020 sous le nombre de cas qui ont dépassé la capacité des cantons17. Si tous les cantons confirment qu’ils disposent des ressources et des moyens nécessaires pour assurer un traçage efficace, réactif et approfondi – tant sur le plan cantonal que supracantonal – des cas index et de leurs contacts avant d’autoriser des mesures, le risque d’un nouvel échec de la stratégie TTIQ serait réduit. L’extension du dépistage par tests présente également un grand potentiel. La tranche mobile de la population – les travailleurs ou apprenants pendulaires – a davantage de contacts avec d’autres personnes et donc un risque d’infection plus élevé. La réalisation régulière et à grande échelle de tests auprès de cette population mobile peut donc apporter une contribution importante à la détection des infections et à la prévention des contagions. Parallèlement, de nouvelles procédures peuvent simplifier davantage l’accès aux tests, par exemple les nouvelles possibilités de s’autotester. Celles-ci peuvent vraisemblablement apporter une contribution supplémentaire importante à la détection des infections et à la prévention des transmissions. Il est important dans le cadre de telles initiatives de veiller à ce que la surveillance se poursuive – que les informations sur la propagation du SARS-CoV-2 soient continuellement collectées et analysées, et que la fréquence des différentes variantes soit analysée.
  4. La vaccination. Les vaccins peuvent avoir deux effets importants : ils peuvent réduire la gravité de l’évolution d’une infection et donc la probabilité que la maladie évolue vers une forme grave, de séquelles à long terme et de décès. Et ils peuvent contribuer à réduire la probabilité de transmission – la possibilité qu’une personne soit infectée et infecte les autres. Les deux vaccins actuellement autorisés en Suisse (de Moderna et BioNTec/Pfizer) se sont avérés réduire considérablement la probabilité d’évolution grave de la maladie et de mortalité (sur la base des résultats des essais cliniques et 18). Les effets sur la transmission du virus n’ont pas encore été systématiquement quantifiés, mais les résultats préliminaires obtenus par Israël indiquent que le BioNTec/Pfizer entraîne une réduction significative de la transmission, de l’ordre de 90% 19.

2.2. À l’heure actuelle, plusieurs de ces facteurs influençant l’épidémie sont entachés d’une incertitude considérable

 

Il faut garder à l’esprit que des facteurs importants sont entachés d’incertitudes scientifiques :

Propriétés des nouvelles variantes du SARS-CoV-2. La persistance de la pandémie dépend fortement des caractéristiques des variantes du SARS-CoV-2 identifiées jusqu’ici, ainsi que de celles qui pourraient apparaître à l’avenir en ce qui concerne :

  • le taux de transmission ;
  • la gravité de la maladie pour différentes parties de la population ;
  • l’effet de l’immunité après une infection ou une vaccination avec différents vaccins.

Impact des vaccins sur la gravité de la maladie, la probabilité de séquelles à long terme (COVID long) et la transmission. L’impact de la campagne de vaccination dépend largement de l’effet de la vaccination sur les paramètres suivants :

  • protection contre la forme symptomatique et contre les évolutions graves de la maladie, et contre les issues fatales ;
  • réduction de la transmission du SARS-CoV-2 ;
  • impact sur les effets à long terme (COVID long) ;
  • effets contre les variantes du SARS-CoV-2.

Alors que les études cliniques fournissent des informations sur le premier point, les estimations sur les autres points sont basées sur les observations des campagnes de vaccination en cours (par exemple 20). Tous ces facteurs peuvent avoir un impact majeur sur le cours de l’épidémie et sur les conséquences sanitaires du COVID-19 au sein d’une population de plus en plus vaccinée.

Capacité de la stratégie TTIQ. La stratégie TTIQ peut contribuer sensiblement à réduire les contagions. Cette contribution dépend de la capacité et de la rapidité de la mise en œuvre de la stratégie TTIQ. L’impact de cette dernière peut être évalué à l’aide d’indicateurs de performance clés. Voici quelques exemples d’indicateurs de performance de la stratégie TTIQ :

  • Fait-on suffisamment de tests ? Indicateur de performance possible : le taux de positivité est inférieur à 5%.
  • La plupart des personnes potentiellement infectées sont-elles rapidement isolées ? Indicateur de performance possible : 80% des personnes potentiellement infectées s’isolent jusqu’à ce que le résultat du test soit disponible.
  • Le traçage des contacts est-il suffisamment rapide ? Indicateur de performance possible : 90% des contacts peuvent être joints dans les 24 heures suivant l’identification du cas index.
  • Dans quel délai les personnes testées positives reçoivent-elles le code pour SwissCOVID ?
  • La quarantaine est-elle rapidement mise en place ? Indicateur de performance possible : 80% des personnes testées positives sont déjà en quarantaine au moment où le résultat positif est disponible.

À ce jour, les informations sur les indicateurs de performance ne sont pas encore disponibles ; n’est donc momentanément pas possible de faire une bonne estimation de la contribution de la stratégie TTIQ au contrôle de l’épidémie.

Conformité, observance et prévention individuelle des infections. Le taux de transmission du SARS-CoV-2 dépend fortement du comportement individuel – le fait de garder ses distances, l’hygiène, le port de masque, l’aération régulière des pièces et d’autres mesures comportementales individuelles qui a considérablement changé depuis juillet 2020 et a augmenté de manière significative dans l’ensemble21. Une grande incertitude scientifique règne quant à l’évolution de la conformité et de l’adhésion au sein de la population.

En raison de ces incertitudes scientifiques concernant tous les facteurs pertinents, il n’est pas possible de prévoir exactement comment l’épidémie évoluera si les mesures sont assouplies, ce dont il importe de tenir compte lors de l’élaboration des stratégies (voir section 2.4).

 

2.3. Les décisions relatives aux stratégies COVID 19 dépendent des objectifs

 

Les stratégies COVID-19 visent à trouver un équilibre entre la santé et le bien-être de la population suisse, les libertés individuelles et l’économie. La manière dont cet équilibre peut être atteint dépend des objectifs spécifiques poursuivis. En outre, les décideurs politiques peuvent également définir des conditions limites qui ne doivent pas être violées. Définir ces objectifs et ces conditions limites est un devoir social et politique. Les décisions communiquées par le Conseil fédéral les 17.2.2021 et 24.2.2101 définissent implicitement des objectifs et des conditions limites, au moins pour le proche avenir, à savoir empêcher une nouvelle augmentation de la propagation est donc aussi éviter de surcharger le système de santé suisse (lien). Dans la perspective d’une amélioration significative de la situation grâce à la vaccination, d’autres objectifs et conditions limites peuvent être définis.

Les objectifs et les conditions limites possibles sont :

  • Prévenir la surcharge du système de santé : Les conditions d’assouplissement des mesures (détails) communiquées par le Conseil fédéral le 17.2.2021 visent à éviter la surcharge du système de santé par un nombre élevé d’hospitalisations ou de recours aux unités de soins intensifs (voir aussi 22).
  • Réduire autant que possible les effets sanitaires du COVID-19 pour la population : Durant l’été 2020, l’incidence des décès par COVID-19 sur 7 jours était inférieure à 1 décès par jour de fin mai à début septembre. Viser un impact sur la santé de la population qui soit revenu aux bas niveaux de l’été dernier serait donc un objectif envisageable. Il pourrait être plus facilement réalisé qu’à l’été dernier à l’aide de ces trois facteurs : la disponibilité de tests et une meilleure stratégie TTIQ, l’introduction de vaccins et en particulier la vaccination du groupe le plus vulnérable de résidents des maisons de retraite, ainsi que la disponibilité de masques. Un facteur rendrait la chose plus difficile, à savoir la forte proportion de VoC.
  • Maintenir le nombre d’infections à un niveau suffisamment bas pour assurer le bon fonctionnement du système TTIQ : Les mesures ciblées telles que la stratégie TTIQ ont un excellent rapport coût-avantages23 et sont d’autant plus efficaces que le nombre de cas est faible.

La prévention d’une résurgence de l’épidémie en Suisse implique également que les personnes en Suisse aient la possibilité de se faire vacciner avant d’être exposées à un risque élevé d’infection. Les possibilités de se protéger contre l’infection dépendent fortement de la situation professionnelle et privée de chacun. La prévention d’une recrudescence de l’épidémie donnera à chacun la possibilité de se faire vacciner avant d’être exposé à un risque majeur d’infection, quelle que soit sa situation.

Dans la définition de ces objectifs, les aspects sanitaires mais aussi les aspects économiques et sociétaux doivent être pris en compte. Les données et l’expérience de la pandémie à ce jour indiquent que les nombres plus bas de cas tendent à être liés à des pertes moindres pour l’économie et la société, car les mesures ciblées telles que la stratégie TTIQ sont plus efficaces lorsque les nombres de cas sont faibles 24.

Bien entendu, ces objectifs ne sont pas définis qu’en fonction des aspects sanitaires, mais aussi des aspects économiques et sociétaux. Certains objectifs épidémiologiques peuvent avoir un coût économique et social trop élevé. Mais il est également coûteux d’être contraint par la pandémie de faire marche arrière après un assouplissement des mesures. Le faible nombre de cas rendant plus efficaces les interventions ciblées comme la stratégie TTIQ, le risque d’un effet yo-yo est réduit.

 

2.4. Considérations générales sur l’assouplissement des mesures

 

Il est important de fournir un récit cohérent, entre autres les motifs justifiant les décisions futures. Un tel récit donne une perspective à la population et aux entreprises et accroît le respect des mesures. Toutefois, en raison des incertitudes sur l’évolution énumérées ci-dessus, il est important que les décisions prises graduellement soient fondées sur une évaluation de la situation épidémiologique.

Un assouplissement majeur des mesures en ce moment – en mars 2021 – serait lié à un risque élevé d’une nouvelle augmentation du nombre d’infections, d’hospitalisations et de décès. La proportion de la population qui est entièrement vaccinée (environ 2,5% au 26 février 2021) ou qui a une certaine immunité en raison d’une infection antérieure n’est pas encore assez élevée pour influencer sensiblement l’épidémie en Suisse. Si le nombre d’infections est actuellement en baisse, une augmentation importante du nombre de contacts et de la mobilité suite à un assouplissement des mesures risque d’entraîner une augmentation des infections, puis une augmentation des hospitalisations et des décès. La propagation de la variante B.1.1.7. représente un facteur de risque supplémentaire favorisant une transmission accrue. Au Royaume-Uni et en Irlande, l’assouplissement des mesures au moment où le B.1.1.7 était en augmentation ou devenait dominant a été associé à une augmentation rapide et très importante des infections (figure 2). Cela suggère qu’un assouplissement rapide des mesures risque d’entraîner une nouvelle hausse, possiblement importante, du nombre d’infections. 

Figure 2 : L’assouplissement des mesures entré en vigueur le 2 décembre 2020 au Royaume-Uni (en haut) et en Irlande (en bas) s’est produit à un moment où le B.1.1.7 était dominant (Royaume-Uni) ou en augmentation (Irlande) et a été suivi d’une augmentation rapide et marquée des nouvelles infections. Ces assouplissements, indiqués en jaune, apparaissent clairement dans le fléchissement de l’Oxford Stringency Index (partie inférieure des deux graphiques). La relation temporelle n’établit pas de causalité, mais elle fournit un contexte pour la planification de stratégies d’assouplissement dans d’autres pays. La situation en Suisse à la fin de février 2021 est similaire à celle du Royaume-Uni au début de décembre 2020 en ce qui concerne la fréquence de B.1.1.7. Un assouplissement massif des mesures comporte donc le risque d’une augmentation rapide du nombre d’infections causées par la variante B.1.1.7.

Traduction : Grossbritannien (proxy für B.1.1.7 : S-dropout = Royaume-Uni (proxy pour B.1.1.7 : S-dropout)

Fallzahlen pro Woche = nombre de cas par semaine

Anteil B.1.1.7 = proportion de B.1.1.7

Irland (Proxy für B.1.1.7:N501Y aus Sequenzierung) = Irlande (proxy pour B.1.1.7:N501Y du séquençage).

 

 

Davantage de sécurité avec des assouplissements progressifs. Comme mentionné ci-dessus, les mesures d’assouplissement menées à grands pas risquent d’entraîner une augmentation du nombre d’infections et éventuellement la nécessité de réintroduire des mesures. L’assouplissement progressif réduit le risque d’un tel effet yo-yo. En outre, un assouplissement progressif s’inscrit également dans la situation en constante amélioration en Suisse : l’augmentation des taux de couverture vaccinale ainsi que l’adoucissement des températures à la fin de l’hiver augurent d’une amélioration constante de la situation dans les mois à venir, ce qui ouvre la voie à davantage de possibilités d’assouplissement par la suite. En respectant un intervalle d’environ quatre semaines entre les différentes étapes d’assouplissement, il devient possible d’observer les conséquences de la dernière étape avant de prendre une décision à propos de l’étape d’assouplissement suivante. Cela permet également de réagir rapidement s’il apparaît que les infections sont à nouveau en augmentation alors que de nombreuses personnes n’ont pas encore eu la possibilité de se faire vacciner.

Il est plus sûr de fonder les décisions sur des données collectées en continu que de définir un calendrier fixe à l’avance. Cela est dû aux grandes incertitudes qui pèsent sur certains des facteurs clés qui influencent l’épidémie (voir section 2.2). Parmi les données déterminantes pour la prise de décision figurent l’incidence, le taux de diminution ou de croissance du nombre de cas, la situation du système de santé et la capacité de la stratégie TTIQ. La prise de décision basée sur des données ne doit pas conduire à un manque de perspective pour la population. Une stratégie COVID-19 doit être compréhensible pour la population et l’économie afin d’offrir une perspective.

Le maintien d’une faible incidence permet de maîtriser plus facilement et plus sûrement l’épidémie. Une faible incidence a un certain nombre de conséquences qui facilitent la gestion de l’épidémie et la rendent moins coûteuse. Une faible incidence signifie réduire la charge due au COVID-19 sur le système de santé ; par conséquent, aussi une faible charge de morbidité et une plus grande marge de sécurité. Et une faible incidence augmente l’efficacité de la stratégie TTIQ, qui présente un excellent rapport coûts-avantages 25.

Les efforts individuels pour maîtriser l’infection seront d’autant plus importants lorsque la mobilité augmentera et des contacts s’intensifieront après les étapes d’assouplissement. Avec les mesures d’assouplissement successives, la mobilité et le nombre de contacts interpersonnels réaugmenteront. Dans cette situation, les efforts fournis par chacun pour contrôler l’infection sont cruciaux. C’est pourquoi il importe de soutenir la population dans ces efforts, notamment par des informations concrètes qui peuvent être directement mises en œuvre.

Un déploiement rapide de la vaccination est essentiel pour mettre en place la normalisation. Les restrictions actuelles ont un coût important pour la santé, la société et l’économie. Par exemple, les coûts économiques des mesures de restriction actuelles en Suisse s’élèvent à environ 100 millions de francs par jour. Procéder à une vaccination du plus grand nombre de personnes et le plus rapidement possible est la mesure la plus importante à prendre pour résoudre cette situation.

 

3.Nouvelles Policy Briefs de la ncs-tf

 

Évaluation des régimes alternatifs pour les quarantaines 26

Nous analysons des alternatives pour la durée des quarantaines basées sur une libération anticipée en cas de test négatif. Certaines options augmenteraient légèrement les transmissions. Dans la situation actuelle, elles ne devraient être envisagées que si des mesures additionnelles pouvaient compenser l’augmentation prévue des transmissions.

Évaluation des traitements pharmaceutiques du COVID-19 27

Nous mettons à jour l’évaluation des traitements pharmaceutiques du COVID-19. Aucun n’est actuellement capable de réduire le taux d’hospitalisation ou de changer radicalement l’évolution de la maladie une fois les patients hospitalisés.

Une stratégie nationale sur les certificats numériques est nécessaire28

La sortie de la pandémie peut conduire à de nouvelles approches de santé publique pour redémarrer rapidement la vie économique et sociale tout en contrôlant les risques de transmission du SARS-CoV-2. Elles pourraient inclure l’introduction de certificats papier ou numériques attestant un test RT-PCR négatif récent, la présence d’anticorps neutralisants ou une vaccination. De tels certificats devraient être fiables et leur utilisation réglementée.

Aspects éthiques, légaux et sociétaux de traitements différenciés pour les personnes vaccinées ou non contre le COVID-19 29

Exiger un certificat de vaccination pour certaines activités peut contribuer à atteindre des objectifs de santé publique importants, mais crée aussi certains risques. De telles règles doivent être soigneusement considérées et justifiées.

Références :

1 https://nextstrain.org/groups/swiss/ncov/switzerlandhttps://nextstrain.org/groups/swiss/ncov/switzerland

2 https://sciencetaskforce.ch/fr/taux-de-reproduction/

3 https://ibz-shiny.ethz.ch/covidDashboard/trends

4 https://icumonitoring.ch/

5 https://www.covid19.admin.ch/fr/overview

6 https://github.com/openZH/covid_19 et https://github.com/daenuprobst/covid19-cases-switzerland

7 https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/sante/etat-sante/mortalite-causes-deces.html

8 https://sciencetaskforce.ch/fr/rapport-scientifique-9-janvier-2021/

9 https://sciencetaskforce.ch/fr/nextstrain-analyses-phylogenetiques/

10 https://cevo-public.github.io/Quantification-of-the-spread-of-a-SARS-CoV-2-variant/

et https://ispmbern.github.io/covid-19/variants/

11 https://sciencetaskforce.ch/fr/rapport-scientifique-9-janvier-2021/

12 https://sciencetaskforce.ch/fr/rapport-scientifique-14-janvier-2021//

13 https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/960110/RUM_model_technical_annex_final__100221.pdf

14 https://smw.ch/article/doi/smw.2020.20457

15 https://sciencetaskforce.ch/fr/policy-brief/pourquoi-soutenir-davantage-les-tests-et-le-tracage-des-contacts//

16 https://www.gov.uk/government/news/nhs-covid-19-app-alerts-17-million-contacts-to-stop-spread-of-covid-19

17 https://sciencetaskforce.ch/fr/policy-brief/considerations-sur-lextensibilite-et-lefficacite-de-la-strategie-tests-tracage-isolement-et-quarantaine-ttiq//

18 https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMoa2101765

19 https://www.technologyreview.com/2021/02/19/1019264/a-leaked-report-pfizers-vaccine-conquering-covid-19-in-its-largest-real-world-test/ et https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMoa2101765

20 https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMoa2101765

21 https://www.corona-immunitas.ch/fr/ et https://sciencetaskforce.ch/fr/rapport-scientifique-9-janvier-2021/

22 https://sciencetaskforce.ch/wp-content/uploads/2021/01/Double_burden_of_operating_near_intensive_care_saturation12Jan21-EN-2.pdf

23 https://sciencetaskforce.ch/fr/policy-brief/pourquoi-dans-la-situation-actuelle-des-mesures-de-politique-de-sante-de-grande-envergure-ont-un-sens-dun-point-de-vue-macroeconomique/

24 https://sciencetaskforce.ch/fr/policy-brief/quels-compromis-entre-sante-et-economie/

25 https://sciencetaskforce.ch/fr/policy-brief/pourquoi-soutenir-davantage-les-tests-et-le-tracage-des-contacts/

26 https://sciencetaskforce.ch/fr/policy-brief/evaluation-de-regimes-alternatifs-pour-les-quarantaines/

27 https://sciencetaskforce.ch/fr/policy-brief/evaluation-des-traitements-pharmaceutiques-du-covid-19/

28 https://sciencetaskforce.ch/fr/policy-brief/une-strategie-nationale-sur-les-certificats-numeriques-est-necessaire/

29 https://sciencetaskforce.ch/fr/policy-brief/aspects-ethiques-legaux-et-societaux-de-traitements-differencies-pour-les-personnes-vaccinees-ou-non-contre-le-covid-19/

Kontakt: covid19@snf.ch

Kontakt für Medien: media@sciencetaskforce.ch

 

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La Swiss National COVID-19 Science Task Force a été dissoute le 31 mars 2022.

Elle a été remplacée par le Comité consultatif scientifique COVID-19 pour que les cantons et la Confédération puissent continuer de bénéficier d’une expertise scientifique dans le cadre de la pandémie de SARS-CoV-2.

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