14 mai 2020 – Policy Brief
La crise du Covid-19 touche différemment les gens selon leur genre, leur orientation sexuelle ou encore leur classe sociale. Nous analysons ces différences et recommandons des mesures proactives pour éviter une aggravation des inégalités.
Les effets sanitaires, économiques et sociaux de la pandémie et des mesures prises pour la contrôler ne touchent pas la population de manière uniforme. La mortalité plus élevée chez les hommes doit être étudiée pour en distinguer les facteurs biologiques et sociaux et déterminer les mesures médicales et de santé publique. Mais la crise touche les femmes plus durement de nombreuses manières.
Durant le confinement, les femmes assurent une part majoritaire des activités économiques essentielles (santé, alimentation) et s’impliquent davantage dans l’école à la maison. Ce dernier point porte préjudice à leur carrière. Elles travaillent plus souvent dans des professions ne permettant pas le télétravail, ce qui les expose à un risque accru d’infections ou de mise au chômage. L’histoire des crises économiques indique qu’elles les touchent plus durement.
La crise a généré un retour à des modèles genrés et normatifs avec les tâches éducatives assumées majoritairement par les femmes et l’apport financier revenant chez les hommes. Les mesures du gouvernment ont généralement ignoré les familles suivant des modèles alternatifs (divorcées, patchwork, délocalisalisées, etc.). Les familles monoparentales – en majorité des mères – sont particulièrement touchées par la situation. Ceci dit, l’essor du télétravail et la présence accrue des pères dans les foyers pourraient avoir des effets positifs sur l’égalité. Il est important de renforcer la participation des femmes dans la formulation des mesures prises dans le cadre de l’épidémie.
La priorité accordée au Covid-19 dans le système de santé a eu un impact sur le travail des sages-femmes ainsi que sur l’accès aux services de santé reproductive, prénatale et maternelle. Toute maladie sévère, comme celle pouvant être provoquée par le SARS-Cov-2, a un impact sur la grossesse et sur la santé du fœtus; il s’agit d’un risque supplémentaire pour les femmes enceintes, qui craignent déjà souvent pour leur emploi.
Les personnes LGBT+ sont vulnérables en raison des stigmatisations vécues en milieu hospitalier. Les migrantes constituent aussi un groupe à risque. Les messages de prévention peinent à les atteindre à cause de barrières linguistiques et culturelles. De nombreux sans papiers travaillent comme aides domestiques ou de garde d’enfants et ont perdu leur activité, une situation qui n’est pas couverte par les mesures de soutien de la Confédération. La pandémie a accentué le nationalisme et les stéréotypes culturels, et pourrait renforcer le racisme.
Les droits humains protégeant l’égaliténe sont pas suspendus par la situation d’urgence et engagent les autorités à prendre des mesures pour éviter l’accentuation des inégalités décrites ci-dessus. Les stratégies et les mesures doivent considérer ces aspects en consultation avec les bureaux cantonaux et fédéraux de l’égalitéet, si nécessaire, les différencier. Les données sanitaires, économiques et sociales documentant la crise doivent distinguer les sexes et les statuts sociaux afin de pouvoir analyser les différences.
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Date of response: 14/5/2020
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Expert groups and individuals involved: Ethical, legal, social issues with input from the Economics group, the Swiss society for Gender Studies, and the Swiss society for Occupational Medicine
Contact persons: samia.hurst@unige.ch