TRADUCTION DU DISCOURS PRONONCÉ EN ALLEMAND – SEULES LES PAROLES PRONONCÉES FONT FOI
Mesdames, Messieurs, sehr geehrte Damen und Herren,
La Task Force scientifique, un organe indépendant, s’est réunie le dimanche soir 13 décembre 2020 pour une réunion extraordinaire par téléconférence. En se basant sur la situation actuelle, les scientifiques présents lors de la réunion, qui représentent des disciplines très diverses, sont arrivés à la conclusion unanime suivante: les mesures décidées le 11 décembre 2020 ne suffisent pas. Réduire drastiquement le nombre de nouvelles infections exige de prendre des mesures globales à l’échelle nationale et de les introduire le plus rapidement possible.
D’un point de vue scientifique, ces mesures doivent s’avérer très efficaces, à l’instar du lockdown introduit à Genève au début du mois de novembre 2020 ainsi que de celui mis en place dans le pays en mars et avril 2020 avec la fermeture des restaurants et des magasins non essentiels ainsi que l’application stricte du travail à domicile lorsqu’il est possible. En tant qu’organe consultatif, nous avons également informé le Conseil fédéral de nos conclusions.
Laissez-moi vous expliquer ce qui nous a amenés à cette conclusion.
Premièrement, la situation dans les hôpitaux suisses est aujourd’hui très grave. De plus en plus d’opérations urgentes et importantes ne peuvent plus être réalisées ou doivent être retardées à cause du grand nombre de patientes et de patients quoi doivent être hospitalisés ou traitées aux soins intensifs. Cela signifie que de plus en plus de personnes qui ne sont pas elles-mêmes malade du Covid-19 souffrent de la situation. Et des gens s’infectent de plus en plus au SARS-CoV-2 dans nos établissements de santé.
Trop de personnes meurent chaque jour en Suisse à cause du virus. Les personnes qui tentent de toutes leurs forces d’empêcher cela – c’est-à-dire les professionnels de santé travaillant dans nos hôpitaux, maisons de retraite et établissements médicaux-sociaux – sont à la limite depuis des mois déjà.
Pour le dire clairement: nous ne voyons pour l’instant aucun signe que la situation s’améliorera bientôt ou de manière décisive dans les hôpitaux. C’est pourquoi il est temps d’agir – chaque jour compte.
Deuxièmement, lorsque nous examinons l’évolution des données, il devient vite évident que nous ne disposons ni du temps ni de la marge de manœuvre pour introduire des mesures dont nous ne savons pas si elles suffiront, ou pas. Nous pouvons ici tirer des enseignements de l’expérience faite en Suisse romande et dans autres pays. Il s’agit de mettre en place rapidement des règles uniformes et efficaces afin que celles-ci soient plus compréhensibles, et plus largement acceptées et mises en œuvre, afin de permettre à nouveau une planification plus sûre.
Le facteur temps joue ici un rôle important. Je répète ce que j’ai déjà dit la semaine dernière: les fêtes de fin d’année qui approchent, la mobilité accrue et le temps froid représentent un risque majeur additionnel de voir la situation épidémiologique se détériorer davantage – ce qui aurait de graves conséquences.
Troisièmement, le virus ne connaît pas de frontières cantonales. Toute la Suisse est touchée par la pandémie. Nous sommes conscients que de nombreuses personnes vivant dans les différents cantons ont déjà connu des restrictions importantes au cours des dernières semaines et qu’elles seront déçues que le groupe de travail arrive maintenant à la conclusion que les mesures adoptées jusqu’à présent ne suffisent pas. Mais c’est le moment où nous devons tous nous serrer les coudes.
Le taux de reproduction R est à nouveau proche de 1, également dans les cantons romands. Ce n’est que si nous ramenons la valeur R dans toute la Suisse en dessous de 0,8 que nous pourrons réduire le nombre de cas rapidement et de manière durable.
Nous ne pouvons pas nous permettre une stagnation, et encore moins une nouvelle augmentation du nombre de cas.
Mesdames et Messieurs, le taux de reproduction R pointe actuellement dans une seule direction inquiétante: vers le haut. Nous devons mettre un terme à cette évolution, et nous devons le faire tout de suite, ensemble, et de manière solidaire.
La Task Force a également souligné que des mesures plus strictes au cours des prochaines vacances garantiront le mieux possible le droit à l’éducation, car les écoles seront de toute façon fermées durant cette période. Les cours en classe pourront reprendre après les vacances dès que la situation épidémiologique le permet. Il est important d’éviter que les contagions survenues durant les vacances s’infiltrent dans les écoles et s’y propagent.
Je voudrais faire une autre remarque importante: les mesures plus strictes seront d’autant plus efficaces qu’elles seront soutenues de manière complète et rapide par toutes les personnes qui sont directement et indirectement touchés sans qu’elles en soient responsables – c’est-à-dire les employeurs, les employés et les employées, les propriétaires des entreprises.
Les mesures plus strictes tout autant que les indemnisations constituent un investissement: un investissement dans l’avenir afin d’éviter des mesures encore plus drastiques et des dommages plus importants. Les économistes de la Task Force soulignent qu’il est utile sur le plan économique de prendre immédiatement des mesures efficaces pour réduire de manière rapide et durable les nombres de cas.
Mesdames et Messieurs, je sais qu’il n’est facile pour aucune et aucun d’entre nous de devoir faire face à la possibilité d’un nouveau lockdown.
Mais je vous demande de garder à l’esprit les raisons qui ont amené la Task Force à cette conclusion: il s’agit purement et simplement de prévenir le plus grand nombre possible de cas de maladie et de décès dans ce pays. Il s’agit de soutenir toutes les personnes qui dans nos établissements de santé prennent soin des hommes et des femmes malades. Il s’agit d’éviter de payer un prix trop élevé avant que les vaccins n’arrivent l’année prochaine. Mesdames et Messieurs, il s’agit de retrouver plus de liberté dans un avenir proche et de ne plus laisser nos vies se voir déterminées par cette pandémie.