– Policy Brief
On ne peut encore estimer la proportion des personnes gravement affectées par le Covid-19 qui auront des séquelles à long terme. Elle pourrait néanmoins s’avérer importante. Il faut accorder l’attention nécessaire à l’impact potentiel des séquelles sur la santé publique. Nous recommandons le suivi systématique des patients Covid19 – y compris dans les cas d’une évolution légère de la maladie – au moyen d’études observationnelles prospectives ou d’un registre.
Jusqu’à 61% de toutes les personnes gravement malades du Covid-19 rapportent encore environ un mois après leur sortie de l’hôpital une atteinte importante de leur état de santé et de leur qualité de vie. Les symptômes typiques comprennent l’essoufflement ainsi qu’une fatigue excessive. Il faut néanmoins noter que des déficits sont attendus après une sortie de l’hôpital dans la plupart des maladies et que leur persistance un mois plus tard ne peut être assimilée à des séquelles à long terme. Les études indiquent que leur proportion est déjà bien plus faible après trois mois.
Les effets possibles à long terme du Covid-19 sont peu documentés car il n’existe pas encore de données. Il y a néanmoins des indices clairs que les effets sur le cœur, les poumons et le cerveau durent plus longtemps que la maladie aiguë elle-même. Le processus de guérison des patients ambulatoires ayant une évolution légère du Covid-19 et peu ou pas de symptômes n’est souvent pas complet au bout d’un mois, du moins dans leur perception subjective.
On sait que les maladies causées par les coronavirus peuvent provoquer des séquelles. Les personnes ayant survécu aux épidémies de SARS-1 et de MERS montraient un an après des fonctions pulmonaire diminuées (de 11 à 45 %) et se plaignaient d’une qualité de vie réduite. Certains de ces changements semblent être irréversibles, notamment dans les cas très graves.
Les cas graves de Covid-19 peuvent s’associer à un syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA). Dans un tel cas, une ventilation mécanique est généralement nécessaire pendant plusieurs jours, voire des semaines. Des études menées sur des cas de SDRA non Covid-19 suggèrent qu’une proportion importante des personnes ayant survécu à une maladie grave doivent s’attendre à des limitations physiques et cognitives pendant des années. Seules 48% des personnes touchées par un SDRA ont pu reprendre un an après un fonctionnement normal au quotidien, 77% cinq ans plus tard. Les séquelles à long terme après un passage aux soins intensifs pour diverses raisons sont également bien documentées et à prévoir chez les patients atteints du Covid-19.
Il n’est pour l’instant pas clair si les changements et la perte de capacités décrits après une maladie Covid-19 disparaissent ou s’ils sont permanents, ni à quelle fréquence ils se produisent. En principe, ils dépendent de la gravité du cas de Covid-19 et des maladies qui l’accompagnent. Il n’est pas clair à quel point les séquelles à long terme dépendent de ces facteurs, quel rôle jouent les facteurs psychosociaux et quelles sont les options thérapeutiques pour les traiter. Nombre de ces questions ne trouveront de réponse qu’au cours des prochains mois et années.
Nous recommandons un suivi systématique des patients atteints de Covid-19 – y compris pour les patients ambulatoires qui ne sont pas gravement malades – sur une longue période. Il pourrait prendre la forme d’études d’observation prospectives ou d’un registre. Il convient d’examiner attentivement quelles populations de patients sont incluses (sur une base volontaire) afin d’éviter tout biais dans les résultats. Il est essentiel d’impliquer dans ce suivi les pédiatres et les médecins généralistes.
Date of response: 19/11/2020
Comment on planned updates: Update planned as soon as an important body of new evidence becomes available.
Expert groups and individuals involved: Aurélien Martinez, Nina Khanna Gremmelmaier, Manuel Battegay on behalf of the Clinical Care Group
Contact persons: Manuel Battegay